La pratique de Léa Dumayet est essentiellement sculpturale et procède d’abord d’une recherche instinctive et empirique sur les caractéristiques des matériaux qu’elle travaille et dont elle étudie toutes les potentialités et les points de rupture.
Elle froisse des plaques d’aluminium qu’elle assemble et fait tenir sur la tranche en les liant par une sangle (Sanglée). Ou elle plie une plaque de zinc qu’elle suspend dans l’espace et fait lentement tourner sur elle-même (Air). Ou elle tend des tiges de métal souple reliées entre elles par des aimants pour créer un dessin en trois dimensions (Dessin). Son travail devient alors installatif, comme à la Galerie du CROUS où elle a tiré parti des propriétés du mirolège, matière ultralégère à la fois miroitante et translucide (récupéré d’une installation d’Olafur Eliasson à la Fondation Louis Vuitton). Au lieu de l’employer tendu et lisse, comme Eliasson, elle l’a froissé et drapé en forme de vague géante lestée au sol par des amas de verre brisé. Ses sculptures et installations sont souvent fragiles, en équilibre instable. Néanmoins, Léa Dumayet invite le spectateur à les toucher, pénétrer ou traverser pour en éprouver les tensions, la notion de danger faisant partie de l’expérience.
La photographie et la vidéo sont des pratiques complémentaires au travail de sculpture et d’installation. L’artiste y capte des paysages et espaces où les lignes géométriques dominent, ou des phénomènes naturels produisant des sculptures en mouvement, comme dans la vidéo Doul, dans laquelle les amoncellements de nuages de sel marin forment des blocs à la fois légers et compacts bougeant au gré du vent.
Le travail de Léa Dumayet oscille constamment entre des notions contradictoires : légèreté et pesanteur, équilibre et déséquilibre, réalité et rêve, attraction et danger...
Au spectateur – acteur à en découvrir le sens caché.
Maya Sachweh